vendredi 9 septembre 2022

Expression libre sur la Poésie Adam 2018

Mon cher ami, 

Dans ta dernière lettre, tu me demandais où j’en étais de mes créations poétiques. Je dois dire que l’inspiration me manque depuis quelques temps et j’en suis malheureux. 

Le monde n’est plus à la poésie ces dernières années, il est à une actualité lourde et triste qui nous est diffusée par les médias. 
Cette charge négative que je perçois chaque jour ne me permet pas d’avoir l’esprit léger, dont j’ai besoin pour écrire. J'ai donc pris la décision de me couper des médias. Pas de journaux, ni de radio, diffusant sans cesse les mauvaises nouvelles. 

Désormais, lorsqu’on me parle d’une catastrophe récente, je ne suis au courant de rien. Cette parenthèse me permet, à travers des recherches, de découvrir de nouvelles cultures et j'ai constaté d’autres manières de créer la poésie. Je te cite, par exemple, la musique et plus particulièrement le rap. 

Peux-tu imaginer que ce mouvement musical de notre époque utilise les mêmes paternes de procédés poétiques que ceux des siècles qui nous précèdent ? On y retrouve différentes allitérations, assonances ou rimes. 

Les différentes formes d’expression actuelles s'inspirent donc plus ou moins de nos grands poètes des siècles passés et de ce qui fait la richesse de notre culture. Cette découverte m’a stupéfié : qu’un jeune qui a grandi dans un milieu urbain et difficile soit capable de faire des rimes et de respecter certaines règles de la poésie me sidère. 

Mon manque d’inspiration, ces derniers temps, vient probablement aussi du fait qu’il est de plus en plus difficile de vivre de la poésie. Mon entourage, je le constate chaque jour, ne s'intéresse pas à la création de poèmes. Ces derniers n’étant pas « à la mode », il m'est difficile d'en vivre. Je ne peux donc pas m'y consacrer à plein temps tout en effectuant un travail qui me permette de subvenir à mes besoins. Alors, je crois que mon esprit l’a compris et que cela explique que les rimes ne me viennent plus. 

Et pourtant, mon cher ami, je ne renonce pas à ma quête poétique. Je ressens en moi cette vocation de philosopher sur la place de l'Homme dans ce monde et sur le sens de nos pensées. 

Je te réaffirme ici l’importance des valeurs qui sont les miennes et ma détermination à écrire de la poésie. 

Je t’adresse mes meilleures salutations et te dis à très bientôt.

vendredi 1 juillet 2022

Episodes de l'histoire du Portugal

 Episodes de l'histoire du Portugal

Chapitre 1

Le comte Henri - Guerre civile - Bataille d'Ourique - Cortès de Lamego, Alphonse Ier, Roi du Portugal - Prise de Lisbonne - Evora prise par stratagème - Grandeur d'âme du roi de Léon - Bataille de Santarem


La lutte héroïque au prix de laquelle l'Espagne reconquérait peu à peu son indépendance sur les Maures, cette croisade de l'Occident, durait depuis trois siècles, et plusieurs royaumes s'étaient formés des lambeaux arrachés au grand empire des infidèles, quand parurent à la Cour d' Alphonse VI, roi de Castille, deux comtes étrangers, qui, ainsi que tant d'autres nobles hommes, étaient venus porter aux chrétiens le secours de leur forte lance (1095).

L'un deux, le comte Henri, était le descendant de Hugues Capet, le quatrième fils du duc Henri de Bourgogne; l'autre était son cousin Raymond. Tous deux étaient venus en Espagne sur le bruit de beaux coups d'épée qui s'y donnaient, et il ne s'y montrèrent point indignes de la gloire de leur maison; ils se comportèrent même avec temps de bravoure, qu'un poète contemporain dit qu'il a vu le Cid lui-même s'incliner avec respect devant ces nobles étrangers. Le roi, pour les récompenser, leur donna deux de ses filles en mariage: Raymond eut dona Urraca, avec la principauté de Coïmbre pour dot ; l'autre, Henri de Bourgogne, épousa dona Téréja, qui lui apporta en dot le pays situé entre le Douro et le Minho, et les provinces de Beïra et de Tras- os-Montes. Tout le reste du pays qui s'étend jusqu'à la côte des Algarves était encore au pouvoir des Musulmans ; c'était l'arène ouverte à l'ambition et au courage de Henri et de ses successeurs.

  Tant qu'Alphonse vécut, Henri demeura dans des rapports de dépendance envers le roi; mais ce prince étant mort en 1109, le jeune État qui s'était formé dans le sein de la Castille s'en détacha comme un fruit mûr, et commença ces glorieuses destinées qui devaient l'amener à fonder un jour une domination presque aussi vaste que l'empire romain.

   Après dix-sept victoires remportées sur les Maures, Henri, chargé d'ans et de gloire, mourut le 1er novembre 1112, ne laissant d'autre héritier qu'un fils âgé de trois ans, sous la tutelle de la reine dopa Téréja. Cette princesse, malgré les orages qui troublèrent sa régence, trouva dans l'exercice du pouvoir souverain un charme qui lui fit méconnaître les droits de son fils, lorsque celui-ci fut parvenu à sa majorité.

Elle refusa de lui remettre le sceptre et voulut même le priver de son héritage. Le monde eut alors le triste spectacle d'une mère que l'ambition et la soif du Pouvoir poussaient à prendre les armes contre son propre fils. Pour sauver ses jours et l'indépendance du Portugal, le fils du comte Henri, Alphonse-Henri, qui, par ses brillantes qualités, avait déjà su se concilier de nombreux partisans, réunit ses amis et leva une armée. La sanglante bataille de Saint-Mamète, près de Guimaraes (1128), décida la querelle; la cause du droit triompha; dona Téréja fut vaincue, et cette mère dénaturée, désormais hors d'état de nuire, s'enfuit dans le château de Leganoso, où elle termina dans l'obscurité des jours empoisonnés par le remords.

   Alphonse -Henri, maître enfin de son royaume, ne tarda pas à faire sentir aux infidèles la force de son bras. Après une lutte stérile contre le roi de Castille, qui avait pris le titre d'empereur d'Espagne, et dont les prétentions menaçaient l'indépendance du Portugal, il tourna tous ses efforts contre les Arabes, qui avaient profité de cette guerre intestine pour ravager ses terres. A la tête d'une armée plus redoutable par la valeur que par le nombre, il franchit le Tage et s'avança dans la province d'Alentéjo. A cette nouvelle, cinq rois musulmans rassemblèrent leurs forces, que vinrent grossir une multitude de barbares arrivés récemment de l'Afrique. Alphonse -Henri s'établit avec sa petite armée sur une hauteur, près de la ville d'Ourique, au pied de laquelle les innombrables hordes sarrasines assirent bientôt leur camp. A cette vue, le roi sentit le courage lui manquer ; il désespéra de vaincre, avec si peu de troupes, une si grande multitude. « Mais, disent les récits contemporains, Jésus Christ lui-même lui apparut, suspendu sur la croix, et lui promit de lui donner la victoire et de prendre son royaume sous sa protection. » Au point du jour, un signe éclatant vint confirmer cette promesse : le soleil naissant fit briller de telle manière les armures des Portugais, que toute leur armée en reçut une apparence formidable. Le prince reprit courage; il passa les siens en revue, les appela par leur nom, leur parla des exploits de leurs ancêtres et de la sainte cause pour laquelle ils allaient combattre.

  Cependant les nobles, voyant plusieurs rois dans l'armée ennemie, désirèrent que leur chef, qui avait jusqu'alors porté le titre de comte, comme son père, portât le titre de roi, et prièrent le prince de leur permettre de l'appeler de ce nom. Alphonse - Henri, pensant que mériter de régner valait encore mieux qu'un royaume, leur répondit qu'il se contentait de l'honneur de leur commander et d'être leur frère et leur compagnon ; mais les nobles insistèrent si vive ment, qu'il dut céder. Alors ses compagnons d'armes, poussant des cris de joie ; le nommèrent roi et lui baisèrent les mains. C'est ainsi que la royauté portugaise naquit sur un champ de bataille, qui allait être tout à l'heure un champ de triomphe.

     Dans ce moment même, les Sarrasins attaquaient le camp. Le nouveau roi monta à cheval et fondit, à la tête d'une troupe d'élite, sur la première colonne des ennemis, la sépara du reste de leur armée et la

tailla en pièces. Il se battait en brave chevalier ; en gagé au milieu d'un gros de Sarrasins, où sa fougue l'avait emporté, il frappa l'un d'eux avec une telle vigueur, qu'il tomba en même temps que lui, et eût péri glorieusement, si ses sujets ne l'eussent prompte ment dégagé. Les Sarrasins, effrayés du carnage que les Portugais faisaient autour d'eux, se débandèrent et prirent la fuite, après avoir combattu depuis le matin jusqu'à midi.

   La victoire d'Ourique (25 juin 1139 ) fut comme le baptême de la monarchie portugaise, et Alphonse

Henri voulut en perpétuer le souvenir dans les armes qu'il donna à son pays, et qui devaient le désigner à l'avenir comme un royaume indépendant. L'apparition miraculeuse du Christ y figura, pour rappeler la victoire qu'il lui avait due sur les cinq rois musulmans.

   Le roi convoqua ensuite les députés du clergé, de la noblesse et du peuple, afin qu'ils confirmassent le choix de l'armée ; les cortès, c'est-à-dire l'assemblée nationale, se réunirent à Lamégo en 1143. Le roi s'y rendit, et, dès qu'il fut assis sur son trône dans l'église de Santa -Maria d'Almacare, le procureur royal se leva de son siège et dit :

      Le roi Alphonse, que vous avez nommé roi sur le champ de bataille d'Ourique, vous a réunis ici afin que vous déclariez si vous consentez à l'avoir pour roi.

  Tous crièrent :

       Oui.

       Comment l'entendez - vous ? demanda -t-il de nouveau ; est-ce Alphonse seul, ou ses fils après lui?

   - Il doit régner pendant sa vie, et ses fils lui succéder, répondirent les députés.

   Alors l'archevêque de Braga prit la couronne d'or des rois goths et la posa sur le front du roi, qui tenait à la main son épée de combat. Alphonse-Henri se leva aussitôt et dit :

   - Loué soit Dieu qui m'a aidé ! Avec cette épée, j'ai vaincu vos ennemis et je vous ai délivrés. Puisque vous m'avez fait votre roi, il convient que nous fassions des lois qui assurent la paix du royaume.

    Les états répondirent :

      - Nous le voulons, Sire, et nous sommes prêts à faire les lois que vous proposerez ; car, nous et nos enfants, nous obéirons à vos commandements.

  Et ils firent alors les lois qui réglaient la succession au trône, les droits et les devoirs du roi et de ses sujets, et la police du royaume.

   Pour consolider encore davantage sa couronne et lui assurer la protection céleste, le roi Alphonse Henri, d'accord avec ses sujets, s'obligea à payer un tribut au pape, et se mit sous la protection de Notre Dame de Clairvaux, pour laquelle il avait une dévotion spéciale.

   Ces soins pris, le roi rentra en campagne. La conquête de Santarem fut son premier exploit. Pendant qu'il assiégeait cette ville, quelques chevaliers, profitant d'une nuit obscure, escaladèrent les murs de la ville, y pénétrèrent et en ouvrirent les portes à l'armée portugaise, qui attendait dans le silence le plus profond l'issue de cet audacieux coup de main.

Ce succès encouragea les chrétiens, qui résolurent de tenter une entreprise plus difficile encore, le siège de Lisbonne. Une flotte de deux cents bâtiments, portant des Allemands, des Flamands et des Anglais, qui se rendaient en terre sainte, avait relâché à Oporto. Ces croisés acceptèrent avec joie l'offre qui leur fut faite de prendre part à l'expédition, et le siège fut aussitôt commencé. Les chrétiens construisirent des tours de Lois aussi hautes que les murs de la ville, les firent approcher de la muraille, sur laquelle ils voulurent s'élancer au moyen de ponts ; mais ils furent repoussés après un grand carnage. Ils ne se découragèrent pas et bloquèrent la ville, où la faim ne tarda pas à se faire sentir. Beaucoup d'habitants s'enfuirent et vinrent demander asile dans le camp. Ceux qui consentirent à se faire baptiser y furent reçus ; les autres furent renvoyés à Lisbonne, où les assiégés les firent périr. Mais l'ardeur des chrétiens, le courage indomptable avec lequel ils s'exposaient à la mort, jetèrent enfin le découragement dans la garnison, qui, après un mois de résistance, demanda à capituler, et livra au roi Alphonse cette importante place qui devait être la capitale du Portugal. Son heureuse situation à l'embouchure du Tage et son port sur l'Océan devaient en faire le centre du commerce du monde. Un grand nombre de croisés, retenus par les libéralités du roi, s'établirent à Lisbonne et dans les environs ; ce qui accrut rapidement l'importance de cette ville.

  Un chevalier portugais, nommé Girala, avait commis un crime qui le força de se retirer dans la province d'Alentejo, où les bannis avaient coutume de se réfugier. Il y devint le chef d'une troupe de bandits qui exerçait ses déprédations également sur les chrétiens et sur les mahométans ; mais bientôt fatigué de cette vie criminelle, il songea à faire quelque grand exploit qui pût lui valoir sa grâce. Il s'était établi sur le mont Muro, vis-à-vis d'Évora. Il résolut de s'emparer de cette ville. A la faveur de la nuit, il s'approcha d'une tour isolée qui la protégeait du côté de l'ouest et en escalada le rempart. Un Sarrasin et sa fille en étaient les seuls gardiens ; surpris endormis, la jeune fille fut précipitée du haut de la tour, et son père fut tué. Maître de la tour, Girald envoie une partie des siens vers le point qu'il leur indique ; puis, au lever du soleil, il fait signe aux habitants que des hommes armés s'avancent du côté où il a envoyé sa troupe. Les habitants alarmés s'y portent en force, et Girald profite de ce moment pour pénétrer dans la ville par la porte qui donnait ile son côté et s'en emparer. Les cris des habitants surpris ainsi annoncent à ceux qui sont dehors la nouvelle de ce désastre :: ils veulent revenir en toute hâte au secours de leurs femmes et de leurs enfants ; mais ils trouvent les portes fermées et bien gardées, et bientôt, attaqués par derrière par la seconde troupe de Girald, ils périssent presque tous. Les vainqueurs informèrent aussitôt le roi de cette conquête ; il leur accorda leur grâce, et leur confia la défense de la ville qu'ils avaient si habilement enlevée aux infidèles.

       Alphonse-Henri fit quelque temps après la guerre à son gendre Ferdinand, roi de Léon, au sujet de quelques places sur lesquelles il prétendait avoir des droits. Il fut vaincu à la bataille de Badajoz et tomba au pouvoir de Ferdinand, qui, loin d'abuser de cet avantage, traita son royal beau -père avec un respect, une générosité, une magnificence inouïs. Alphonse Henri, reconnaissant l'injustice de ses prétentions, offrit à son gendre de lui abandonner sa personne et son royaume en réparation de son tort ; mais le roi de Léon, avec une grandeur d'âme digne de ces âges héroïques, refusa ces offres, ne demanda que les villes dont la possession lui avait été contestée à tort, et renvoya le roi et les autres prisonniers sans exiger de rançon.

       Cependant les attaques continuelles des Portugais avaient irrité les Sarrasins. Leur roi Jusuf, plein des souvenirs de la grandeur arabe, et regardé comme un saint par son peuple, ne voyait qu'avec amertume les progrès incessants des chrétiens. Il assembla donc une armée immense, et, quittant l’Afrique, il débarqua à Gibraltar et marcha droit sur le Portugal.

    Treize rois maures le suivaient. Il renversa tout ce qui lui résista, et arriva enfin devant Santarem, ou

    commandait don Sanche, le fils aîné d'Alphonse Henri. Dès le lendemain de son arrivée, il fit donner l'assaut, et pendant cinq jours l'attaque, incessamment renouvelée, obligea la faible garnison à demeurer sans repos sur la muraille, du haut de laquelle elle contemplait avec désespoir l'immense armée ennemie, qui renouvelait sans peine les assaillants. Les Portugais, épuisés de fatigue, couverts de blessures, voyant leurs murailles croulantes, n'attendaient plus que la mort, quand soudain le vieux roi Alphonse paraît à la tête des troupes qu'il a rassemblées et qu'il amène au secours de son fils. Sa seule présence vaut une armée ; les Portugais reprennent courage, ils attaquent les Sarrasins ; une lutte terrible s'engage.

Mais Jusuf, le chef des ennemis, leur saint, ayant été blessé, une terreur panique s'empara d'eux ; ils prirent la fuite dans le plus grand désordre, abandonnant aux Portugais un riche butin et le corps de leur chef, noyé en passant le Tage.

dimanche 17 octobre 2021

Doit-on être prêt à tout pour être heureux? --- > Elias

Durant ces dernières années, la publication d'ouvrages sur le bonheur et le bien être s’est multipliée. Ces ouvrages tendent à nous montrer les moyens d'accéder au bonheur et à la sagesse. Le bonheur est toutefois un concept abstrait bien qu'il puisse être défini comme un état de satisfaction durable dans un contexte de sérénité et de paix de l'âme. Cet état peut-il être atteint par des actions ou des choix de vie? Risque-t-on d'agir de façon excessive, inconsidérée pour atteindre le bonheur? Sur le chemin de recherche du bonheur, doit-on tolérer des souffrances momentanées?Nous étudierons dans un première partie que l'homme cherche par tous les moyens et malgré les obstacles à être heureux, nous montrerons ensuite que l'homme peut être heureux sans être prêt à tout et enfin, dans une troisième partie nous soutiendrons la thèse selon laquelle l 'homme n'est pas forcément obligé de faire quoi que ce soit pour être heureux.
Tout d'abord, nous allons voir que l'homme cherche par tous les moyens et malgré les obstacles à être heureux.Le bonheur est le but de la vie, les hommes cherchent tous le bonheur. Se donner les moyens pour être heureux, c''est agir ou choisir plutôt que de laisser la place à la chance ou au hasard.C'est ce qu'exprime Socrate, dans l’œuvre Gorgias de Platon, philosophe grec du Ve siècle avant JC. En effet, Platon décrit un dialogue entre Socrate et Calliclès dans lequel Socrate défend la tempérance et Calliclès défend l'hédonisme. Ainsi Socrate explique qu'il faut combler ses besoins pour être ensuite, heureux.L'homme qui , par ses efforts , est comblé et n'a plus de besoin atteint la quiétude nécessaire au bonheur : ''la vie réglée vaut mieux que la vie déréglée''.
En calculant la différence entre les plaisirs et la douleur, les efforts et la souffrance, il est possible pour l'homme de savoir s'il est prêt à tout pour être heureux. Ainsi lorsque les efforts et la douleur sont supérieurs au plaisir qui en résulte, on peut décider s'il faut effectuer ces efforts.C'est ce que démontre Epicure, philosophe grec du IIIe siècle avant JC dans son œuvre Lettre à Ménécée : « Chaque plaisir et chaque douleur doivent être appréciés par une comparaison des avantages et des inconvénients à attendre ». Ainsi un plaisir n''est à rechercher que si la souffrance qui l'accompagne éventuellement est limitée et raisonnable. L'homme ne doit donc pas être prêt à out mais il doit bien faire le calcul de ses plaisirs et souffrances.
En multipliant ses efforts, l'homme se donne la possibilité de plus de plaisir car efforts et plaisir semblent liés.C'est ce que nous enseigne Calliclès dans l'ouvrage Gorgias de Platon. Calliclès nous y explique que ce qui fait l'agrément de la vie, ce sont les efforts réalisés pour accéder aux plaisirs. Il faut donc laisser libre cours à ses désirs et mobiliser ses efforts, sans retenue, pour atteindre le plus de plaisirs possibles.
Nous allons maintenant voir que l'homme peut être heureux sans être toutefois prêt à tout pour cela.
Malgré tous les efforts que peut déployer l'homme, il n'est pas certain qu'il puisse atteindre le bonheur car le bonheur est un concept indéterminé et subjectif.C'est ce que nous enseigne Kant, philosophe prussien du XVIIIe siècle, dans l'ouvrage Fondements de la Métaphysique des Moeurs : « Le concept de bonheur est un concept si indéterminé, que (…) personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut ». Ainsi l'auteur nous explique que malgré tous les efforts déployés, un homme peut ne pas savoir ce qu'il désire et donc ne pas être heureux.
Le bonheur nous vient des autres et non des plaisirs. L'homme peut ainsi mettre tous ses efforts et toute sa volonté dans la recherche du bonheur et ne pas le trouver car le bonheur dépend surtout de notre relation aux autres.C'est ce qu'indique Alain Badiou, philosophe et professeur contemporain, qui, lors d'un échange avec un journaliste explqiue : « Le bonheur (…) intègre la question de l'autre » et il l'oppose, en ce sens, à la satisfaction qui n'est elle « pas dépendante de la rencontre ». Ainsi l'homme peut faire des efforts en vain sans être heureux s'il ne questionne pas sa relation avec autrui.Le bonheur nous vient donc de notre relation aux autres, en particulier si nous avons la chance d’être appréciés.C'est ce que nous explique Bergson , philosophe contemporaindans L'énergie spirituelle : « On tient à l 'éloge et aux honneurs ». Ainsi, notre relation aux autres nous apporte d'autant plus de bonheur lorsque nous avons la reconnaissance d'autrui.
Enfin, nous soutiendrons que l 'homme n'est pas forcément obligé de faire quoi que ce soit pour être heureux.Plutôt que de déployer des efforts, plus ou moins excessifs, pour être heureux, l'homme doit revoir sa propre définition du bonheur. Il est préférable et plus atteignable d'envisager une vie centrée sur le moment présent sans projection sur l'avenir, source d'inquiétude.C'est ce que nous explique Blaise Pascal, mathématicien et philosophe du XVIIe siècle dans son ouvrage Pensées : «ainsi, nous ne vivons jamais mais nous espérons de vivre ». De cette manière, Pascal nous explique que, quels que soient ses efforts, l'homme ne peut jamais être heureux car il ne fait que regretter le passé ou s 'inquiéter pour l’avenir.
Chacun a sa propre idée du bonheur, bien qu'on ne puisse pas toujours le définir précisément. La sérénité et la paix de l'âme nécessaires au bonheur peuvent être atteintes par la réflexion de chacun. C'est ce que nous explique Marc-Aurèle, empereur romain et philosophe stoïcien du IIe siècle avant JC dans Pensées pour moi-même : « Non seulement l'accident qui m'est survenu n'est pas un malheur mais de plus, c'est un bonheur véritable si je sais le supporter avec un généreux courage » .Ainsi, le bonheur n'est pas lié à des efforts à tout prix mais à l’acceptation de sa situation, à notre capacité à surmonter les grands malheurs et à nous contenter de ce que nous avons.
En définitive, il ne faut pas être forcément prêt à tout pour être heureux. Cela est dû au fait que certaines souffrances sont supérieures aux plaisirs reçus, qui nous amènent vers le bonheur. Cela est également lié au fait que une grande part du bonheur n'est pas dûe qu'à notre volonté et à nos efforts mais surtout à ceux qui nous entourent : le bonheur dépend en grande partie des autres. Par ailleurs, même si on est prêt à tout, le bonheur dépend de chacun et n'est donc pas tangible, ce qui ne favorise pas l'atteinte d'un tel objectif.

lundi 14 décembre 2020

La comédie ballet Le Malade Imaginaire de Molière n'est elle qu'un divertissement ? ---- > Elias

 

La comédie ballet Le Malade Imaginaire de Molière n'est elle qu'un divertissement ?


Comment s’amusait-on au XVIIe siècle ? Dans le film Le Roi danse, on découvre Louis XIV couvert d’or jouant un rôle dans une comédie-ballet de Molière qui le met à l’honneur.

Jean-Baptiste Poquelin dit Molière est un comédien et dramaturge qui s’inscrit dans le courant littéraire baroque puis du classicisme. Il a laissé un grand nombre de pièces de théâtre et est à l’origine de la Comédie Française.

En 1673, Molière crée Le Malade Imaginaire qui sera sa dernière pièce .

Le Malade Imaginaire est une comédie-ballet mise en musique par Marc-Antoine Charpentier. Elle consiste en un spectacle théâtral mêlé de danse et de musique qui vise le divertissement. Ce genre a justement été inventé par Molière en 1661 avec Jean-Baptiste Lully, son compositeur, pour une autre pièce dénommée Les Fâcheux .

Nous nous demanderons donc si le Malade Imaginaire n'est qu'un divertissement .

Nous verrons comment cette pièce est construite pour divertir les spectateurs , puis nous démontrerons que cette pièce exprime, en réalité, les revendications du dramaturge comme la satyre des médecins. Enfin, nous verrons l’importance des mises en scène qui rendent plus ou moins comique la présentation de l’œuvre.


Au XVIIe siècle, la noblesse et le public manifestent un besoin de divertissement de plus en plus élaboré. La comédie-ballet va occuper une place de plus en plus importante dans l’œuvre de Molière.

La comédie-ballet crée un divertissement complet car elle fait appel à plusieurs sens: au plaisir de l'esprit s'ajoutent ceux plus sensuels de l'ouïe (avec la musique) et de la vue (avec la danse) . La comédie-ballet est une forme qui mêle les arts : le théâtre, la comédie, la musique et la danse.

Le personnage, omniprésent, de Toinette apporte de l’humour tout au long de la pièce car elle se moque d’Argan et des médecins. Bien que servante, elle a une bonne clairvoyance dans la situation et critique les traitements administrés ouvertement. Elle ridiculise Argan en soulignant son avarice et son égoïsme. Le spectateur partage son point de vue et se rallie à son analyse.

Dans le Malade Imaginaire ,on peut identifier plusieurs types de comiques .

Le comique de gestes est très présent car les personnages ont une certaine exubérance gestuelle .

Par exemple, lorsqu'Argan cherche à courir après Toinette pour la frapper alors qu'il n'en est pas capable (fin Acte I scène 5).

Le comique de mots est très présent avec les nombreuses énumérations ou répétitions qui donnent un rythme à la pièce :''Monsieur Purgon'' (acte III scène 5) ''le poumon'' (acte III scène 10) ,''ignorant'' (acte III scène 10) .

Plusieurs événements relèvent du comique de situation : par exemple lorsqu'Argan feint la mort alors qu'il la craint tant , Toinette veut prend au piège Béline pour montrer sa nature hypocrite et manipulatrice .

Le comique de caractère commence dès le début de la pièce lorsqu'on comprend qu'Argan est avare et que ce trait de caractère est chez lui une folie qui l'aveugle et fait de lui une proie facile : ''Trois et deux font cinq'' (Acte 1 scène 1).

Bien que l’œuvre soit une comédie, elle s’inscrit toutefois dans le courant classique. L’œuvre Le malade imaginaire reflète le classicisme car elle est assez conventionnelle et en respecte les règles .

Il y a, en effet, une unité de temps et de lieu. La scène se déroule dans la chambre d’Argan et dure quelques heures.

On retrouve, par ailleurs, les règles suivantes : une hiérarchie sociale, la contestation des croyances religieuses. Par exemple, Béralde emploie le mot « salut » qui appartient au champ lexical de la religion à propos de la médecine : ''Non , mon frère , et je ne vois pas que , pour son salut , il soit nécessaire d'y croire '' Acte 3 Scène 3.


Molière, miné par les ennuis de santé depuis 1665, ressentait une certaine amertume pour la médecine archaïque de son temps qui ne parvenait pas à le guérir .

La satyre de la médecine commence dès l'exposition en donnant à l'apothicaire et au médecin des patronymes ridicules : ''M. Purgon'' ce qui renvoie aux purges ou lavements qu’Argan va recevoir ; ''M. Fleurant '' ce qui renvoie à ''fleurer'' ce qui veut dire sentir. Par exemple, Toinette se moque de M. Fleurant devant Argan en disant : ''Ai-je bien fait de la bile'' (…) C'est à Monsieur Fleurant d'y mettre le nez '' Acte 1 scène 2 .

Molière se moque ensuite des médecins en montrant leur malhonnêteté et leur idiotie comme c’est le cas pour Thomas Diafoirus : « grand benêt nouvellement sorti des écoles, qui fait toutes choses de mauvaise grâce et à contretemps » Acte II Scène 5. Molière démontre également la grande naïveté des patients. En l’occurrence, Argan est un grand hypocondriaque donc facile à manipuler. Il parvient même à devenir médecin alors qu’il ne connaît rien à la médecine.

A l’époque, les médecins ont peu de connaissances car celles-ci ont peu progressé au fil des siècles. Ils ont recours à deux techniques uniques : les saignées, qui épuisent les patients, et les lavements dont on peut dire qu’ils étaient largement inutiles.En mettant en scène un Argan hypocondriaque , Molière tente de faire rire le spectateur avec la peur de la mort .Cette peur de la mort est probablement un sujet qui le préoccupe parce qu'il est malade et que le malade imaginaire sera sa dernière pièce .


De plus , la complexité de l’œuvre peut être amplifiée par sa mise en scène.

Des metteurs en scène contemporains se permettent des libertés dans les mises en scène pour exagérer les aspects comiques. Notamment, Christophe Barbier, en 2013 qui décide de représenter un médecin avec de grosses lunettes exagérant la myopie et le côté savant du médecin , et en lui mettant un clystère dans les mains pour bien insister sur le ridicule de cet objet qui sert au lavement .

Un autre exemple serait la mise en scène de Claude Stratz qui rend l’ambiance beaucoup plus sombre et inquiétante lors de la fin de l’œuvre faisant penser à un rituel non conventionnel pour des médecins . Il accentue aussi le ressenti de l'emprise des médecins sur Argan car ils se pensent supérieurs et veulent le manipuler .


Cette comédie-ballet de Molière permet donc de faire rire le spectateur en se moquant des médecins et des nombreux personnages qui sont ridicules. Elle permet aussi de se rendre compte des problèmes de la société de l'époque grâce à la satyre des médecins ce qui permet aussi au spectateur ou au lecteur de réfléchir et non seulement de se divertir . La satyre des médecins de l’époque peut aussi nous faire réfléchir à l’image que renvoie les médecins aujourd’hui, en particulier, dans leur omniprésence dans les médias.

La diversité des mises en scène permet aussi de se rendre compte de la complexité de l'oeuvre que Molière a écrite il y a quatre siècles.









mercredi 19 août 2020

Batz

 









mardi 11 août 2020

Le Pouliguen











 

mercredi 10 juin 2020

L'éternité (André Breton et Philippe Soupault) ---> Elias

L'éternité (André Breton et Philippe Soupault) --- > Elias

Le surréalisme a marqué la peinture du début du XXème siècle .
Il a également influencé la littérature, cependant André Breton fut quasiment le seul qui compta dans l'expression littéraire surréaliste .
La surprenante utilisation de l’écriture automatique a permis au poète de s'affranchir des règles habituelles de l'écriture et de la littérature. André Breton et Philippe Soupault écrivent en huit jours les champs magnétiques sans chercher à produire une œuvre réfléchie et raisonnée. La technique de l'écriture automatique consiste à écrire le plus rapidement possible, sans chercher à contrôler son raisonnement, sans préoccupations grammaticales, esthétiques ou logiques.

Il semblerait que pour écrire de cette manière les poètes se trouvaient dans un état hypnotique à mi-chemin entre le réveil et le sommeil et donc à la limite de leur conscience.

Le poème intitulé ''l'éternité'' est extrait des Champs Magnétiques.
Comment ces poètes parviennent-ils à exprimer leurs pensées et à faire ressentir au lecteur leur état d'âme ?
Nous verrons dans un premier temps le mode d'écriture utilisé, puis nous verrons l'absurdité qui ressort à la lecture de ce texte . Enfin, nous verrons que le poème est un ensemble de métaphores qui retranscrivent les pensées des poètes .

Nous allons tout d'abord voir le type d'écriture utilisé dans ce poème .
On note une accumulation de mots qui ne forment pas de phrases, ces mots ne sont parfois même pas logiques entre eux (''cornet de sable''). Ils ne sont habituellement pas associés.
Les règles habituelles de la poésie ne sont pas respectées et il est possible qu'on ne puisse même pas parler de prose. En effet, les auteurs n'ont pas recours à la ponctuation. Cela a un impact important sur le rythme que le lecteur est donc libre de définir.
Quelques phrases dotées d'un sujet, d'un verbe et d'un complément sont alternées avec des énumérations de mots. Cela déroute le lecteur qui recherche ses repères habituels.
Les quelques phrases bien construites d'un point de vue grammaticale, n'ont pas de sens dans le monde réel et perturbent le lecteur: ''l'acétylène est un œillet blanc''.

De ce poème, il émane une certaine absurdité qu'on nommera peut être surréalisme .
La lecture de cet extrait met à l'épreuve notre esprit logique .
En utilisant des chiffres au sein d’un poème, les auteurs tranchent avec ce qu'a connu la littérature : ''une deux une deux'' a un rythme de marche militaire, ''0 133''.
Le lecteur ne sait pas qui est l'auteur, on a juste : ''ma tête''.
Le lecteur ne sait pas non plus à qui s'adresse le poème: ''cher enfant'' puis ''tissez'' . On ne sait donc pas s' il s'adresse à une personne ou à plusieurs.

Enfin, le lecteur ne sait pas qui prend soin du poète : ''on entoure ma tête d'un bandage''.
Cette mention n'est pas sans rappeler la photo célèbre de Guillaume Apollinaire blessé au combat pendant la première guerre mondiale et qui était un ami d'André Breton .

Ce poème contient un grand nombre de métaphores distinctes. Le lecteur a le sentiment d'un diaporama qui diffuserait une succession de clichés instantanés.
Les images que nous livrent les poètes sont très diverses.
De ce fait, on trouve un grand nombre de champs lexicaux qui se répètent: sentiments (''amour'', ''chagrins'') dont la joie (''danse'', ''orphéons'' et ''jours de fêtes''), la nature(''vignes'', ''mottes de terres'', '' crapauds'', ''fleurs'', ''feuilles mortes'', ''œillet blanc'', ''petit arbre''), la mort ( ''maladie'', ''crime ou suicide'', ''acétylène''), les couleurs ( ''rouge'', ''mauve'', ''gris''), l'espace ( ''soleil'', ''lune''), la lumière ( ''lumière des maisons closes'', ''la lanterne'').
Les poètes évoquent aussi bien la ville que la campagne : ville (''faubourg'') et campagne (''villageois'').
Les registres sont divers : soutenus (''cher enfant''), courant ou familier (''joujoux'').
Ils font appel aux sciences : ''l'électrolyse'', ''l'acétylène'', ''la biologie''.
Sans pouvoir dire si cela a une importance ici, ils font référence à deux groupes de personnes : les pauvres (''joujoux des pauvres'') et les personnes aisées (''les affreux lorgnons'' qu'avaient les personnes plus aisées ).
Le lecteur ressent également une certaine opacité : ''fumée des faubourgs'', ''les voiles du brouillard''.
Certaines mentions font éventuellement peur au lecteur et au minimum le mettent mal à l'aise : ''on accroche des yeux'', ''les doigts des ataxiques''.

En utilisant un mode d'écriture dit automatique, en laissant venir les mots de leur inconscient, en frôlant l'absurdité, en ayant recours à de nombreuses métaphores, les poètes André Breton et Philippe Soupault parviennent à exprimer leurs pensées et au final leurs sentiments.
Le lecteur perçoit tout le malaise lié aux termes utilisés sans que le poème n'ait une structure classique. Pour comprendre leur état d'esprit , il faut se replacer dans le contexte historique puisque l'écriture du texte a eu lieu quelques mois après la fin de la première guerre mondiale .

lundi 30 décembre 2019

De la liberté - John Stuart Mill

John Stuart Mill était un philosophe, logicien et économiste britannique du XIXe siècle. Le texte étudié est un extrait d'un essai de philosophie de J.S.Mill paru en 1859, De la liberté. L'auteur, dans cet extrait, oppose la notion d'aide entre les hommes à celle de liberté individuelle. Comment l'auteur parvient-il à rendre la liberté individuelle supérieure à l'aide que s'apportent les hommes entre eux ? 
Pour répondre à cette problématique, nous développerons deux parties : une première partie portera sur l'aide des hommes au sein d'un groupe, d'une société ; et une deuxième partie montrera la supériorité de la liberté individuelle sur l'influence du groupe. 

J.S.Mill utilise plusieurs termes pour désigner l'autre : « les hommes », « un étranger », « des personnes peu familières » (l.10) ou « observateurs extérieurs » (l.10). Il utilise ces termes très particuliers pour procéder à une induction et ainsi généraliser ses pensées avec les termes « société » (l.7) et « présomptions générales » (l.8). L'auteur oppose l'émulation entre les hommes et les libertés individuelles à l'aide d'une forte utilisation du connecteur logique « mais ». L'utilisation des connecteurs logique de démonstration « c'est pourquoi » ou « or » témoignent également d'une généralisation. L'auteur oppose d'ailleurs les « présomptions générales » aux « circonstances particulières » désignant l'individu et non la société. 
J.S.Mill affirme également que pour qu'il y ait possibilité d'émulation entre hommes, « l'observance des règles générales est nécessaire afin que chacun puisse savoir à quoi s'attendre ». Les « règles générales » désignent ici l'ensemble des lois qui régissent notre société mais aussi les règles non écrites. 
J.S.Mill nous dit que les hommes devraient s'aider. Il semble avoir une vision utopique de l'émulation entre hommes : il affirme qu'ils devraient se pousser au meilleur et non au pire. L'utilisation du verbe devoir « doivent », »devraient »met un doute sur le fait que l'auteur ne croit pas non plus à une entraide qui aille de soi. En effet, dans l'entourage, on trouvera du soutien, néanmoins, cette vision reflète une certaine naïveté pour ce qu'on connaît aujourd'hui des relations entre les individus. La société s'équilibre probablement avec autant de personnes altruistes , qui aident les autres, que de personnes individualistes, égoïstes. Et d'ailleurs, même si l'aide apportée par les personnes altruistes est réelle, les pressions de la société et son influence sont insistantes comme le montre les termes « exhortations », »conseils », « forcer à entendre » ; l'individu subissant ces pressions reste pour autant le « juge suprême », terme très fort pour désigner son libre arbitre. 

Dans une deuxième partie du texte, Mill insiste fortement sur le caractère suprême de la liberté individuelle . Il prend le cas d'un homme « d'âge mur », capable de prendre des décisions par lui-même et donc d'être responsable. Les libertés individuelles étant « suprêmes » dans le cas d'un homme « d'âge mur », elles ne le sont pas dans le cas d'un enfant car ses décisions importantes doivent être prises par ses parents, à défaut par son entourage ou ses tuteurs car un enfant n'a pas les connaissances et l'expérience d'un « homme d'âge mûr ». L'auteur précise que chaque homme est celui que son bien-être préoccupe le plus. Ce point peut faire débat car le bien-être d'une personne dépendante ou d'un enfant peut préoccuper plus son entourage qu'elle -même. En règle générale et parce que l'altruisme n'est pas une caractéristique répandue, un étranger a un intérêt très limité pour une autre personne qui lui est inconnue « intérêt … insignifiant ». Parfois, lors d'un drame, la population peut avoir de la compassion pour les victimes inconnues et apporter de l'aide. Mill fait ensuite ressortir l'importance du libre arbitre avec deux aspects. Tout d'abord, il souligne le droit à l'erreur de chacun : peu importe qu'une personne se trompe dès lors qu'elle a pris une décision sans pression, elle assumera ses choix. D'autre part, l'entourage peut avoir une influence néfaste parce qu'il ne connaît pas la situation précise de la personne et aussi parce que l'intérêt de certains peut être de mentir. On est alors autour de la question de la manipulation qui a des effets très néfastes sur la psychologie d'une personne. Rappelons que la liberté implique la responsabilité : lorsqu'on laisse les autres choisir, on est déresponsabilisé, mis sous tutelle. Rabelais va même plus loin dans Gargantua, lorsqu'il montre que si la liberté mène à la vertu, le défaut de liberté mène aux « choses défendues ». Enfin JS Mill nous parle de spontanéité individuelle, ce qui lève la question de la réflexion. Ce terme montre que l'auteur place la liberté individuelle au dessus de tout, au point qu'un homme a le droit de prendre une décision irréfléchie, spontanée. 

En conclusion, JS Mill nous démontre que la liberté individuelle est plus importante que les conseils et l'émulation des autres. Il insiste sur la suprématie du libre arbitre de chacun, en mentionnant le droit à l'erreur, le droit à la spontanéité. En somme peu importe de commettre une erreur, de faire un mauvais choix dès lors que nous assumons , que nous sommes responsables de ce choix et que nous sommes dans le champ de l'individualité, des sujets qui nous regardent.