dimanche 18 décembre 2011

Judith décapitant Holopherne d'Artémisia Gentileschi

La légende

L'Ancien Testament décrit les circonstances de la mise à mort du général Holopherne par la jeune Judith.
Pour le compte de Nabuchodonosor II, Holopherne est chargé de ravager tout le Proche-Orient.
Lors du siège de la ville juive de Béthulie (Massalah?), les habitants manquent d'eau et sont sur le point de se rendre lorsque la jeune et belle Judith décide d'intervenir.

Judith pénètre dans le camp ennemi et demande à rencontrer Holpherne.
Particulièrement sensible à sa beauté, il accepte un marché qu'elle lui propose: elle lui communiquera des informations sur la ville assiégée en échange de sa vie sauve. Il accepte. Ils ont ainsi l'occasion de se revoir plusieurs jours de suite.

Un soir, Judith parvient à enivrer Holopherne, qui s'endort dans ses bras. Avec l'aide de sa servante, elle le décapite et emporte sa tête dans un sac.
Au petit matin, le camp ennemi, ayant perdu son chef, est vaincu par le peuple de Béthulie.

L'analyse du tableau par Alexandra Lapierre

Le 15 mars 1615, à Florence le grand-duc Cosme II de médicis, Michelangelo Buonarroti (petit neveu de Michel-Ange), le peintre Cristofano Allori et Galilée découvrent le tableau Judith décapitant Holopherne d'Artémisia Gentileschi. Dans son ouvrage Artémisia, Alexandra Lapierre commente ainsi cette rencontre:

« Ils découvraient en cet instant, chez Artémisia Lomi*, la violence d'un grand tableau de l'école de Caravage, noir, bleu, rouge et or, cette Judith décapitant Holopherne, dont le cardinal Scipion Borghese avait naguère admiré l'esquisse.
Au premier plan, sur les draps d'un lit, la lame de l'épée posée bien à plat et les rigoles de sang qui ruissellent hors du cadre, sous l'oeil du spectateur.
Au second plan, la tête renversée d'Holopherne, la bouche ouverte dans un cri muet, le regard révulsé qui cherche les yeux du public, implore son secours.
Puis la main gauche de Judith, agrippant les cheveux de sa victime, qui pèse de tout son poids sur sa tempe.
Enfin, les avant-bras de Judith, deux lignes parallèles qui captent la lumière et conduisent jusqu'aux manches de sa robe, jusqu'à son visage...
Chacun, ici, connaissait toutes les variantes, tous les secrets du thème qui avait inspiré les plus grands artistes florentins: la Judith du sculpteur Donatello brandissait la tête d'Holopherne dans un des salons du Palazzo Vecchio; la Judith de Michel-Ange fuyait la tente du tyran, au plafond de la chapelle Sixtine...
Mais la sauvagerie de cette Judith là, sa joie en tranchant le cou du despote, sa façon puissante d'user de l'épée comme d'un couteau de cuisine; et puis le réalisme du sang, la précision de l'anatomie d'Holopherne: les muscles de ses bras bandés dans l'effort pour repousser les coups, ses jambes qui s'ouvraient et s'arc-boutaient... Jamais scène de meurtre n'avait été peinte avec une violence aussi crue! »

Judith décapitant Holopherne
Artémisia Gentileschi
1612
Museo di Capodimonte  Naples

Si Artémisia se prend elle-même comme modèle, c'est bien sous les traits d'Agostino Tassi, son agresseur, qu'elle représente Holopherne.

* Lomi était le nom du père d'Artémisia,
Gentileschi était le nom de sa mère, que son père portait aussi.

A noter: exposition Artemisia Gentileschi au musée Maillol (Paris) du 14 mars au 15 juillet 2012

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