Ce film est la dernière fresque historique réalisée par Sacha Guitry après Si Versailles m’était conté en 1954 et Napoléon en 1955.
Devant de jeunes étudiants, Sacha Guitry raconte avec son imagination et sa verve les grandes heures de l'histoire de Paris, à travers le portrait des grandes figures qui ont marqué la capitale pendant vingt siècles.
Dans ce film, Sacha Guitry ne s'inquiète ni de la chronologie, ni de l'exactitude historique.
De joyeux anachronismes mettent sur un même plan les acteurs de différentes époques ainsi qu'un troubadour incarné par Gérard Philippe qui traverse, quant à lui, toutes les époques.
Si Paris nous était conté emprunte au théâtre le jeu des comédiens, ainsi qu'une bonne partie des décors.
En particulier, le Roi de Paris nous donne dans ce film une belle interprétation de Louis XI.
Au fil des siècles le spectateur découvre aussi François Ier, Henri III, Henri IV, Louis XVI, ...
Les femmes ont toute leur place dans ce film: Sacha Guitry fait dire à la très belle Gabrielle d'Estrées la phrase célèbre: « Paris vaut bien une messe » qui est attribuée à Henri IV, Agnès Sorel, la dame de Beauté-sur-Marne, se présente toute provocante à Charles VII, Catherine de Médicis et son rôle dans les guerres de religion, Lana Marconi, la femme de Sacha Guitry, joue Marie-Antoinette dans un rôle particulièrement solennel et fait dire à un révolutionnaire « Qu'on ait guillotiné le roi, même innocent, je veux bien l'admettre mais elle, même coupable, c'est inadmissible », Charlotte Corday tuant Marat, Sainte-Geneviève sauvant Paris…
Les anecdotes sont nombreuses:
Jules César installé sur la rive gauche crée le quartier latin, Agnès Sorel invitant Charles VII à la débauche, Louis XI, fils de Charles VII, crée l'imprimerie et la poste et appelle les artisans à Paris, Mazères de Latude passe six ans à construire une échelle pour s'enfuir de la Bastille, les compositions de la chanson Ca ira ou bien la célèbre chanson de Gavroche, le tir du petit canon au Palais-Royal, …
Le passage concernant la prison de la Bastille évoque les multiples évasions de Mazères de Latude, qui y passa 35 ans pour une tentative d'assassinat contre Madame de Pompadour. La longueur de l'épisode est compensée par l'humour de Louis de Funès...
On voit peu le Paris réel car la majeure partie des scènes a été tournée en studio.
C'est plus l'esprit de Paris qui intéresse Sacha Guitry que la ville en elle-même.
Le spectateur aperçoit près du Pont neuf et de ses mascarons, la statue d'Henri IV de Jean de Bologne.
Camille Desmoulins appelle à l'insurrection au Palais-Royal lors de la démission de Necker.
Les vues sur Notre-Dame de Paris sont récurrentes, y compris son point géodésique. La scène du Panthéon est assez cocasse et insiste sur l'ironie de l'histoire et la versatilité de l'opinion publique vis-à-vis de ses grandes figures…
A la fin du film, Sacha Guitry nous offre toutefois quelques cartes postales de monuments: statue de Jeanne d'Arc, statue de Molière, Panthéon, Opéra Garnier, Arc de triomphe, vitraux de Notre-Dame et une vue panoramique de Paris depuis l'Arc de triomphe.
Les artistes trouvent leur place dans cette fresque autant que les rois.
Sacha Guitry nous parle des poètes (Paul Verlaine, François Villon, Paul Fort, Baudelaire, Gérard de Nerval, ...), des encyclopédistes (D'Alembert, Diderot, …) et écrivains (Voltaire, Flaubert, Montesquieu, Molière, Beaumarchais, …), des peintres (Maurice Utrillo qui joue son rôle, Renoir, Toulouse-Lautrec, Cézanne, Rodin, Fantin-Latour, Vuillard, …).
Hélas, la myriade de figures présentées ne permet pas d’analyse ou d’explication.
Les thèmes abordés dans Si Paris nous était conté son nombreux: la mort (Voltaire, Louis XI, Henri III, Henri IV, Henri de Guise, ...), la liberté d'expression (Louis XI regrette les facilités de communication que sont l'imprimerie et la poste, la Bastille permet d’isoler ceux qui s’expriment contre le pouvoir), les mouvements politiques (les guerres de religion avec une évocation de la Saint-Barthélémy, la Révolution, l'affaire Dreyfus, …), l'art (une centenaire évoque la Belle Epoque, Francois Ier accroche la Joconde au Louvre, la Joconde est volée, Eugénie de Montijo est entourée de ses dames d'honneur comme dans le tableau de Winterhalter, le théâtre de la porte Saint-Martin donne la première de Cyrano de Bergerac, les virulents échanges du café Procope, …).
L'impératrice Eugénie avec ses dames d'honneur Franz Xaver Winterhalter 1855 Musée National de Palais de Compiègne |
Production : C.L.M. - S.N.E.G. - Franco London Films
Distribution : Gaumont
Scénario et dialogues : Sacha Guitry
Réalisation : Sacha Guitry
Directeur de la production : Gilbert Bokanovski
Acteurs: Françoise Arnoul, Jeanne Boitel, Gilbert Bokanovski, Julien Carette, Danielle Darrieux, Louis de Funès, Jean Debucourt, Jean-Jacques Delbo, Sophie Desmarets, Jacques Dumesnil, Sacha Guitry, Odette Joyeux, Robert Lamoureux, Pierre Larquey, Roland Lesaffre, Jean Marais, Lana Marconi, Michèle Morgan, Simone Paris, Giselle Pascal, Gérard Philipe, Marguerite Pierry, Renée St-Cyr, Jean Tissier, Utrillo, Jacques Varennes, ...
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