Les gens.
Derrière ce titre, en apparence banal, Philippe Labro nous livre un roman captivant!
La première interrogation du lecteur porte sur le titre de l'ouvrage. Généralisation par provocation? Analyse du particulier pour accéder à l’universel? Positionnement social? De quels gens nous parle Philippe Labro?
De nos jours, la réfutation de la généralisation est une norme... avec l'habituel laïus: Il ne faut pas généraliser!
Probablement est-ce le souhait de Philippe Labro de nous inciter à nous interroger sur notre conception de la société et des gens, à la fois semblables et différents les uns des autres...
Philippe Labro nous raconte l'histoire de la belle Maria qui a fuit ses parents adoptifs et trouve pas hasard un travail de fille au pair en Californie...
A Paris, l'élégante Caroline Soglio subit une rupture amoureuse cruelle et Marcus Marcus, l'animateur télé ne pense qu'à son audimat. Le décor est planté.
Contre toute attente, les vies de ces trois personnages vont se croiser et s'entremêler.
L'écriture est fluide et l'intrigue captivante, cependant les personnage sont caricaturaux: les femmes sont trop belles, les hommes sont trop charismatiques, la vie est pleine d'opportunités dignes d'un conte de fées.
Bien que Philippe Labro précise que « Les gens c'était tout le monde et c'était n'importe qui » , objectivement les personnages du roman ne reflètent pas la société.
Philippe Labro nous propose une perception de Paris par l'américaine Maria:
« C'est peut-être aussi cette ville : Paris, leur ville, qui fait que c’est difficile de se faire une opinion définitive.
Paris, c’est une ville salle, polluée, bruyante, absolument pas organisée. Il y a des deux-roues partout, vélos, scooters. Ils font n’importe quoi, ils montent sur les trottoirs, ils prennent les sens interdits, les voitures brûlent les feux-rouges. (...) Ils et elles ont tous un téléphone portable collé à l’oreille. La première fois que tu vois ça, c’est comme si une ville entière avait mal à l’oreille gauche mais alors là tu les vois sourire. Ils minaudent, ils bisoutent, ils gloussent. On dirait qu’ils passent leur vie à se dire qu’ils vont se retrouver et que cet appareil leur tient lieu d’instrument de bonheur, de certitude, de réassurance.
Mais tout ça c’est pas très important parce qu’en même temps, elle est tellement belle cette ville que tu oublies ces détails superficiels, ces fausses apparences. Tu oublies tes préjugés, tu oublies les travaux partout, les embouteillages pas plus sérieux que chez nous d’ailleurs, tu oublies la grossièreté de certains flics, la morosité de certains visages et tu ne vois alors que l’élégance des pierres, l’intelligent dessin d’une ville qui a pas été découpée en carrés et en rectangles monotones comme la plupart des nôtres en Amérique. Tu sens bien qu’il y a une Histoire. »
Philippe Labro aborde de nombreux thèmes, dans cet ouvrage :
- la psychologie (l’Ego, la manipulation, la mégalomanie, la recherche de l'identité, ...)
- l'amour (les Stadler) et à l’inverse la solitude amoureuse
- la solitude et à l'inverse l'amitié et l'entraide
- la critique des médias et la course à l’audimat (« Le Président René Pervillard qui a une crise cardiaque, à mon avis une rupture d’anévrisme, allez savoir -au beau milieu d’une chaîne télé, la nôtre, et vous n’avez pas pensé au scoop ? A l’image ?… » )
- le microcosme parisien qui génère une réelle aversion (les dîners mondains, les buzzeurs professionnels armés de blogs qui « ont une journée d’avance sur toutes les officines de ragots, rumeurs et potins, scoops bidons et désinformation organisée »…)
- la superficialité, la primauté de l’apparence (début de calvitie de Marcus Marcus)
- la jalousie, les mesquineries, l'ambition, l'arrivisme
- l'argent, le pouvoir et la domination
- la violence (le drame de l'inceste)
Broché: 413 pages
Editeur: Editions Gallimard
Date de parution: 3 juin 2010
Collection: Folio
ISBN: 978-2070421428
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