vendredi 10 février 2012

Frida Kahlo La beauté terrible de Gérard de Cortanze

Gérard de Cortanze, auteur notamment d'Assam (Prix Renaudot en 2002) a publié en 2011 une biographie de Frida Kahlo ou plutôt comme le précise l'auteur « un parcours dans les méandres d'une œuvre et d'une vie ».

Le style de l'écriture est très fluide. Le récit est documenté par des citations, des lettres ou bien encore des extraits du journal intime de Frida Kahlo.


L'ouvrage débute pertinemment par l'agitation révolutionnaire du Mexique au début du XXe siècle. Frida Kahlo, de par son engagement politique, s'inscrit dans l'Histoire du pays.
Féministe et communiste, les convictions politiques de Frida Kahlo lui font haïr le système américain. Son mari, Diego Rivera, peintre muraliste, est adhérent de la Ligue communiste internationale et secrétaire général du parti communiste mexicain.

L'ouvrage met cependant une distance entre l'œuvre de Frida Kahlo et le contexte artistique et politique de l'époque, car c'est avant tout sa vie qui a influencé son art.

Gérard de Cortanze démontre que chacune des œuvres de Frida Kahlo est liée à un moment clé de son existence. Le parallèle entre les peintures et les événements qui touchent Frida Kahlo est systématiquement fait.
Ses nombreux autoportraits, dans un univers sensuel et coloré, soulignent son exubérance et son caractère passionné. Un tiers de son œuvre est composée d'autoportraits car elle peint souvent, allongée dans son lit, avec un miroir et un chevalet suspendu, du fait de ses souffrances.
« Je me peins parce que je suis seule. Je suis le sujet que je connais le mieux.»

La souffrance physique et morale est omniprésente dans l'ouvrage: maladies, accident, fausses couches... jusqu'à l'envie de suicide!
« Frida Kahlo peintre ne se contente pas d'envoyer des messages de souffrance. Son art est un exorcisme qui ne gomme pas la réalité: il la transcende, il la fait advenir. Voici un art qui crée à côté du réel. »

Gérard de Cortanze met en parallèle, à plusieurs reprises, sa propre vision de l'artiste avec la biographie de Jean-Marie Le CLézio intitulée « Diego et Frida ». Diego Rivera était un homme obèse, de vingt ans l'aîné de Frida, mais est-ce réellement important? En revanche, Diego Rivera multiplia les aventures extraconjugales et par dépit Frida Kahlo fit de même. Elle fut notamment la maîtresse de Léon Trotsky.
« Dans ma vie, j'ai été victime de deux graves accidents. Le premier, c'est quand un bus m'a renversé. L'autre, c'est Diego ».

Frida Kahlo fit de nombreux séjours aux Etats-Unis « Gringolandia » et un séjour en France.
Après avoir reçu au Mexique André Breton « le pape du surréalisme », elle se rendit à Paris à sa demande pour une exposition. Cependant à Paris, André Breton ne géra pas l'organisation de l'exposition et leurs relations devinrent haineuses.
La lettre de Frida Kahlo à son amant Nickolas Muray en 1939, témoigne de son appréciation du microcosme artistique parisien de l'époque:
« Ces gens sont des putes. Ils me font vomir. Ils sont si foutrement « intellectuels » et si pourris que je ne les supporte plus. C'est vraiment trop pour mon caractère. J'aimerais mieux rester assise par terre à vendre des tortillas sur le marché de Toluca, que d'avoir à faire avec ces salopes « artistiques » de Paris. Ils s'assoient des heures dans les « cafés » à réchauffer leur précieux derrière, et parlent sans arrêt de « culture » et d' « art », de « révolution » et ainsi de suite et patin et couffin, ils se prennent pour les dieux du monde (...). Je mettrais ma tête à couper que je haïrai cet endroit et ses habitants tant que je vivrai. Il y a quelque chose de si faux et de si irréel chez eux qu'ils me rendent marteau. »

Elle mourut trop tôt, à l'âge de quarante-sept ans, dans une souffrance indescriptible...
« Sa dernière toile, Viva la Vida, est un hymne à la joie de vivre et à la lumière. »

Viva la Vida
Frida Kahlo 1954

Broché: 206 pages
Editeur: Editions Albin Michel
Date de parution: 31 août 2011
ISBN: 978-2226230591

Si cet article vous a plu, merci de laisser un commentaire...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire