dimanche 17 octobre 2021

Doit-on être prêt à tout pour être heureux? --- > Elias

Durant ces dernières années, la publication d'ouvrages sur le bonheur et le bien être s’est multipliée. Ces ouvrages tendent à nous montrer les moyens d'accéder au bonheur et à la sagesse. Le bonheur est toutefois un concept abstrait bien qu'il puisse être défini comme un état de satisfaction durable dans un contexte de sérénité et de paix de l'âme. Cet état peut-il être atteint par des actions ou des choix de vie? Risque-t-on d'agir de façon excessive, inconsidérée pour atteindre le bonheur? Sur le chemin de recherche du bonheur, doit-on tolérer des souffrances momentanées?Nous étudierons dans un première partie que l'homme cherche par tous les moyens et malgré les obstacles à être heureux, nous montrerons ensuite que l'homme peut être heureux sans être prêt à tout et enfin, dans une troisième partie nous soutiendrons la thèse selon laquelle l 'homme n'est pas forcément obligé de faire quoi que ce soit pour être heureux.
Tout d'abord, nous allons voir que l'homme cherche par tous les moyens et malgré les obstacles à être heureux.Le bonheur est le but de la vie, les hommes cherchent tous le bonheur. Se donner les moyens pour être heureux, c''est agir ou choisir plutôt que de laisser la place à la chance ou au hasard.C'est ce qu'exprime Socrate, dans l’œuvre Gorgias de Platon, philosophe grec du Ve siècle avant JC. En effet, Platon décrit un dialogue entre Socrate et Calliclès dans lequel Socrate défend la tempérance et Calliclès défend l'hédonisme. Ainsi Socrate explique qu'il faut combler ses besoins pour être ensuite, heureux.L'homme qui , par ses efforts , est comblé et n'a plus de besoin atteint la quiétude nécessaire au bonheur : ''la vie réglée vaut mieux que la vie déréglée''.
En calculant la différence entre les plaisirs et la douleur, les efforts et la souffrance, il est possible pour l'homme de savoir s'il est prêt à tout pour être heureux. Ainsi lorsque les efforts et la douleur sont supérieurs au plaisir qui en résulte, on peut décider s'il faut effectuer ces efforts.C'est ce que démontre Epicure, philosophe grec du IIIe siècle avant JC dans son œuvre Lettre à Ménécée : « Chaque plaisir et chaque douleur doivent être appréciés par une comparaison des avantages et des inconvénients à attendre ». Ainsi un plaisir n''est à rechercher que si la souffrance qui l'accompagne éventuellement est limitée et raisonnable. L'homme ne doit donc pas être prêt à out mais il doit bien faire le calcul de ses plaisirs et souffrances.
En multipliant ses efforts, l'homme se donne la possibilité de plus de plaisir car efforts et plaisir semblent liés.C'est ce que nous enseigne Calliclès dans l'ouvrage Gorgias de Platon. Calliclès nous y explique que ce qui fait l'agrément de la vie, ce sont les efforts réalisés pour accéder aux plaisirs. Il faut donc laisser libre cours à ses désirs et mobiliser ses efforts, sans retenue, pour atteindre le plus de plaisirs possibles.
Nous allons maintenant voir que l'homme peut être heureux sans être toutefois prêt à tout pour cela.
Malgré tous les efforts que peut déployer l'homme, il n'est pas certain qu'il puisse atteindre le bonheur car le bonheur est un concept indéterminé et subjectif.C'est ce que nous enseigne Kant, philosophe prussien du XVIIIe siècle, dans l'ouvrage Fondements de la Métaphysique des Moeurs : « Le concept de bonheur est un concept si indéterminé, que (…) personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut ». Ainsi l'auteur nous explique que malgré tous les efforts déployés, un homme peut ne pas savoir ce qu'il désire et donc ne pas être heureux.
Le bonheur nous vient des autres et non des plaisirs. L'homme peut ainsi mettre tous ses efforts et toute sa volonté dans la recherche du bonheur et ne pas le trouver car le bonheur dépend surtout de notre relation aux autres.C'est ce qu'indique Alain Badiou, philosophe et professeur contemporain, qui, lors d'un échange avec un journaliste explqiue : « Le bonheur (…) intègre la question de l'autre » et il l'oppose, en ce sens, à la satisfaction qui n'est elle « pas dépendante de la rencontre ». Ainsi l'homme peut faire des efforts en vain sans être heureux s'il ne questionne pas sa relation avec autrui.Le bonheur nous vient donc de notre relation aux autres, en particulier si nous avons la chance d’être appréciés.C'est ce que nous explique Bergson , philosophe contemporaindans L'énergie spirituelle : « On tient à l 'éloge et aux honneurs ». Ainsi, notre relation aux autres nous apporte d'autant plus de bonheur lorsque nous avons la reconnaissance d'autrui.
Enfin, nous soutiendrons que l 'homme n'est pas forcément obligé de faire quoi que ce soit pour être heureux.Plutôt que de déployer des efforts, plus ou moins excessifs, pour être heureux, l'homme doit revoir sa propre définition du bonheur. Il est préférable et plus atteignable d'envisager une vie centrée sur le moment présent sans projection sur l'avenir, source d'inquiétude.C'est ce que nous explique Blaise Pascal, mathématicien et philosophe du XVIIe siècle dans son ouvrage Pensées : «ainsi, nous ne vivons jamais mais nous espérons de vivre ». De cette manière, Pascal nous explique que, quels que soient ses efforts, l'homme ne peut jamais être heureux car il ne fait que regretter le passé ou s 'inquiéter pour l’avenir.
Chacun a sa propre idée du bonheur, bien qu'on ne puisse pas toujours le définir précisément. La sérénité et la paix de l'âme nécessaires au bonheur peuvent être atteintes par la réflexion de chacun. C'est ce que nous explique Marc-Aurèle, empereur romain et philosophe stoïcien du IIe siècle avant JC dans Pensées pour moi-même : « Non seulement l'accident qui m'est survenu n'est pas un malheur mais de plus, c'est un bonheur véritable si je sais le supporter avec un généreux courage » .Ainsi, le bonheur n'est pas lié à des efforts à tout prix mais à l’acceptation de sa situation, à notre capacité à surmonter les grands malheurs et à nous contenter de ce que nous avons.
En définitive, il ne faut pas être forcément prêt à tout pour être heureux. Cela est dû au fait que certaines souffrances sont supérieures aux plaisirs reçus, qui nous amènent vers le bonheur. Cela est également lié au fait que une grande part du bonheur n'est pas dûe qu'à notre volonté et à nos efforts mais surtout à ceux qui nous entourent : le bonheur dépend en grande partie des autres. Par ailleurs, même si on est prêt à tout, le bonheur dépend de chacun et n'est donc pas tangible, ce qui ne favorise pas l'atteinte d'un tel objectif.

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